Mon quart d'heure Super-Héros

Hier, M. a sauvé la vie d'une trentaine de personnes à l'aide d'une collègue et d'un sac en papier. Je savais que j'avais bien fait de la recruter cette petite ! C.

Aujourd’hui, comme tous les midis, nous sommes en train de déjeuner à la salle de pause avec des collègues. Pour une fois, il y a foule, et au moins une trentaine de personnes  picorent leur repas au gré de conversations plus ou moins détendues. Alors que nous sommes 7 à ma table (oui comme les 7 nains, je vous préviens, je ne fais pas Simplette), une collègue entre dans la cuisine par le stock (le stock se trouve juste à côté de la cuisine, et il y a une porte entre les deux vous voyez ?) et dit soudainement : « Oh ! Une souris ! », l’air de rien.

L'AIR DE RIEN.

UNE BOMBE PAREILLE.

Les fausses dents de ma grand-mère en seraient tombées.

Là, tout le monde la regarde un peu surpris, et en effet, une petite bêbête à poils gris se faufile jusque sous notre table (comme par hasard elle choisit la nôtre hein). Du coup, avec F., une collègue, nous décidons d’observer la bestiole.

Première remarque : ce n’est pas une souris. Plutôt un croisement entre une souris, une musaraigne et un mulot. Une souris avec une queue plus courte et un looong loooong nez quoi. Puis elle a l’air jeune. Mais pas bébé non plus. Une souris-musaraigne-mulot adolescente quoi.  A peu près.

On chope alors un sac en papier pour essayer de la mettre dedans et pouvoir la sortir avant que tout le monde ne panique. Vous croyiez qu’on allait lâchement l’abattre la pauvre bête ? Bah non. Nous avons un cœur. Evidemment, absolument TOUT LE MONDE a les yeux fixés sur nous, l’air de dire « Chopez moi ce truc avant que je ne décède subitement d’un arrêt cardiaque ». Mais Roger avait plus peur que nous, j’vous le dis. Oui parce qu’entre temps, je l’ai baptisée Roger. Oui, j’ai décidé que Roger était une fille. Et alors ?

Alors que notre première tentative de capture, échoue lamentablement, Roger se réfugie derrière la porte, pile entre l’encadrement et la porte, de sorte qu’on ne peut pas la déloger, même en lui poussant gentiment l’arrière-train. Il ne faut pas non plus fermer la porte, au risque de l’écrabouiller, donc nous bloquons la porte avec une chaise. Du coup, en attendant qu’elle se décide à bouger, on est retourné s’asseoir pour manger (ben oui on a la dalle merde quoi, on déconne pas avec la bouffe).

Petit détail qui a son importance : pendant toute la séquence de première tentative de capture, un des chefs nous regardait faire genre « Oh elle est mignonne la bêbête » comme si c'était un déjeuner-spectacle, et nous, on se disait intérieurement « Tu veux pas plutôt NOUS AIDER au lieu de regarder comme un teubé ? ». Mais non. Il n’a pas bougé le petit orteil à la rescousse de pauvres damoiselles en détresse. Oui parce que sur les 30 personnes présentes, il y avait 28 filles. Les mecs eux, n’ont même pas daigné soulever un sourcil pour nous filer un coup de patte. Mais passons.

Environ 5 minutes plus tard, voilà Roger qui fait son grand retour sous notre table. Là, petit mouvement de panique dans l’assistance, des « AAAAAAh » et des « OOOOh » se font entendre. Là-dessus F. les rassure « Vous inquiétez pas, on gère ! ». Je bloque Roger avec mon pied le long du mur le temps que F. chope le sac en papier pour sauver Roger. Une témoin de la scène s’approche un peu « Oh mais en fait elle est toute petite ! ». Tu m’étonnes, perso, j’ai jamais vu de souris de 5 Kg. Là on entend des « Faites attention !!! ». On sait jamais, des fois qu’elle nous saute à la gorge pour nous arracher la carotide à coup de mini crocs et de s’en faire une ceinture souvenir…

Je prends alors les choses en main et dispose le sac en papier pile sur la trajectoire de Roger pour qu’elle entre dedans, mais Roger n’est pas con, elle fait demi-tour. Là-dessus F. bloque le passage avec son pied et lui donne des petits à-coups au derrière pour lui signifier « Va dans le sac Roger, c’est pour ton bien, j’te promets ». Pauvre Roger crie « Gniiiihiiihiiii », le genre de truc à vous péter un tympan, ça brise le cœur franchement. Elle ne comprend pas qu’on veut l’aider. (Tu m'étonnes, deux gonzesses qui se la jouent Koh Lanta dans une salle de pause, c'est une vision d'apocalypse).

Et là, au bout de quelques secondes de bataille, miracle, Roger ENTRE DANS LE SAC. Je ne l’avais même pas vu rentrer dedans tellement c’est allé vite. F. chope le sac, je la suis pour lui ouvrir les portes et relâcher Roger à l’extérieur où elle sera plus à l’aise qu’au milieu d’une bande de tarés en train de déjeuner. En revenant, applaudissements, toussa toussa, "BRAVO" à tout va. Et ouais, on a la classe, ou on l’a pas.

Et sans une égratignure pour Roger ou pour nous-même.

Voilà quoi. Moi, ce que j’ai aimé, c’est observer le comportement des gens dans ce genre de situation, et j’ai pu apercevoir différentes catégories de personnes :

-           Ceux qui font quelque chose pour aider la bestiole (oui parce que les gens j’en avais rien à foutre, j’avais surtout pitié de la ptite bête qui avait rien demandé à personne et qui couinait "Gniiiiihiiiihiiiiii" parce qu’elle savait pas ce qu’elle foutait là), dont font partie F. et moi-même. Bravo nous.

-          Ceux qui ont la trouille sans savoir pourquoi « Ah mais elle fait pas peur en fait ! ».

-          Ceux qui ont la trouille tout court parce que les souris ça fait peur puis c’est tout.

-          Ceux qui continuent de déjeuner comme si de rien n’était, hier pendant leur pique-nique dans l’herbe ils ont vu un python carnivore manger leur chihuahua alors c’est pour dire, ta souris-musaraigne-mulot ils s’en tapent comme de l’an 18.

-          Ceux qui regardent absolument TOUT ce que tu fais mais qui se bougent pas le cul pour donner un coup de main et qui te regarde courir après la bête comme un éléphant au milieu d’un abribus blindé de rats.

Tout ça pour dire que Roger va bien, les 30 personnes aussi, et que pour une fois, y’a eu de l’animation à midi !  Youpi ! N'empêche que pendant ce petit quart d'heure de gloire, je me sentais limite investie d'une mission pour aider de pauvres âmes en peine. Pendant 30 secondes, j'étais dans la peau d'Indiana Jones. Ou de Denis Brogniart. Au choix.

Drôlement vôtre, 

M. ze super-warrior-de-la-mort-qui-tue-tout-même-ce-qui-est-déjà-mort-sauf-les-souris-musaraignes-mulots

Comments

[chris08]

bon moi j'en ais un bébé un souris-musaraigne-mulot, je croyais que c'étais une taupe .. mais un taupe ça n'as pas d'oreille ! donc c'est un truc comme ça mais je ne sais pas quoi lui faire manger après a le sevrage .. c'est chaud hein ! vous auriez une idée du vrai nom que sa porte cette petite boule d'amour ?

[Geds]

Haha, bravo ! Hihi, un n'énéphant dans l'abribus ! Pauv'bestiole. Moi je serais restée à ma table vu que vous maitrisiez la situation, lol.